jeudi 23 mai 2013

Ne jamais dire jamais, mais toujours dire OK


 Parfois, on te pose une question et tu réponds par l’affirmative sans trop réfléchir.

« On va bouffer un mc do » ?

 « Ok » !

 Puis, après tu cogites : est-ce vraiment bon pour ma santé ? Que va dire la tribu Weight Watchers ? Le Big Mac va-t-il chuter sur mes hanches et me flinguer ma tenue pour le mariage de ma cousine ? Tu culpabilises d’avoir répondu avec autant de légèreté à une question pourtant si importante.

Outre la question culpabilisante, tu as également la question flippante, mais que tu ne vois pas toujours venir.

« Ca te tente, 12 km de rando dimanche » ?

« OK » !

Comment ça ok ? Pourquoi tu as répondu ok ? 12 km, Bon Dieu !

Ce n’est quand même pas une nouvelle de t’apprendre que tu as le souffle d’un bulot asthmatique ? J’veux dire, la dernière fois que tu as marché de ta bagnole jusqu’à la porte de ton ascenseur, tu as frôlé le point de côté ! C’est simple, toi, tu n’as de l’athlète que le t-shirt Adidas.

Et comme ça, hop, tu zieutes ton agenda, tu découvres que dimanche tu es free et tu dis Ok. Bon Sang, mais tu n'as jamais fait de randonnée de ta vie !

Le jour J, tu comprends très vite ta connerie.

« Donc ça c’est le chemin ? Le petit-bordel-sinueux sur le plan c’est notre trajet » ?

Tu demandes ça de façon nonchalante, la main droite sur la hanche, le coude gauche sur la bagnole. D’ailleurs, la bagnole est toujours là, elle te rassure. Tu te dis qu’au pire, si le petit-bordel-sinueux ne t’inspire pas, tu peux te casser et laisser ta copine en plan. Sauf, que ta bonté te perdra un jour. Tu restes.

Vient le temps de la première demi-heure de marche. Tu découvres la joie des balises. « Une croix ça veut dire que tu te gourres de chemin, un trait ça signifie que tu dois continuer tout droit, deux traits indiquent que tu dois tourner à droite ou à gauche »

Ma copine, elle te sort ça sans sourciller. Elle est sûre d’elle, c’est la MacGyver  de la rando. Alors, tu la suis. Tu papotes. Les balises tu t’en fous, dans ta tête tu comptes combien 12 km de marche ça te fait en points Weight Watchers.

Tu passes le cap de la première heure sans trop de difficulté. Finalement, pour un bulot, tu t’en sors pas mal. Tu bois une goulée. D’ailleurs, dans ton sac-à-dos tu as tout prévu : les barres de céréales si tu te perds en forêt, le brumisateur si tu agonises, les pansements si tu as une plaie ouverte, les lingettes démaquillantes si tu es contrainte de bivouaquer sur place, le magazine Grazia si tu as besoin de t’occuper. Tout, tu as tout !

Toutefois, au bout d’une heure et demi, t’as l’arrière des cuisses qui n’a jamais été autant étiré de sa vie,  ton mollet irradie de chaleur, ton orteil mutant veut sortir de ta basket. Tu commences à être atteinte du syndrome enfant-dans-la-bagnole.

« Quand est-ce qu’on arrive » ?

Là, ta pote, elle te montre sur le petit-bordel-sinueux où l’on se situe.

« Putain, tu déconnes ? On a encore tout ça à parcourir »?

Tu marches, de toute façon t’as que ça à foutre. Tu marches, comme t’as jamais marché de ta life. Tu ne sais pas où tu vas, tu sais juste que lorsque tu entendras la route, tu seras sauvée. Vu ta forme physique le marais poitevin à pied, c’est ton Saint-Jacques-de-Compostelle à toi.

Finalement, après 3 heures de marche, tu vois au loin poindre la civilisation. Un bar. Putain, un bar quoi ! Le parking ! Le point d’arrivée ! Tu l’as fait !

Là, tu imagines une haie d’honneur, une banderole à déchirer avec ton corps. Des gens t’applaudissent. En haut du bar, y a une pancarte en néon rose qui clignote « Ludivine : championne »

Bon en fait, y a qu’un couple de petits vieux sur un banc qui ne prête pas attention à ta mine rouge, bouffie et éreintée. Mais toi tu t’en fous, tu les as fait tes putains de 12 km et tu es fière comme un paon devant son harem.

Ok, tu diras plus souvent « ok » !

1 commentaire:

  1. La rando? Mais c’est number one pour la santé ! Tous les médecins, et diététiciens te le diront. 12 km ? Pfft ! De la rigolade… Je les ai parcourus dernièrement. Oui madame… en patins à roulettes.
    Au fait, ils avaient à peu près quel âge… les deux petits vieux épuisés, à la mine rouge et bouffie ? Excellent texte ! J’ai beaucoup ri. Do

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