Revenir comme un cheveu sur la soupe, c’est aussi gênant que d’entendre son patron en train de faire la grosse commission. Pour abandonner ses lecteurs, il faut souvent avoir une explication bétonnée. Exit le : « J’suis une grosse feignasse. J’ai préféré buller devant des photos de chatons et battre mon record à candy crush ». Il te faut un argument qui pardonne tout et qui attire l’attention ailleurs que sur ta procrastination.
En y réfléchissant bien, après 9 mois de silence, la thèse
la plus plausible, c’est la grossesse ! Voilà, tu tiens une excuse de
choc. Pendant tout ce temps, tu étais enceinte. Pour cela, il va falloir te
mettre dans la peau d’une jeune et nouvelle maman. Pas si simple. Heureusement autour de toi, tes copines
semblent toutes fleurir du bide. L’inspiration est là, mais l’exercice est
périlleux (Tu imagines déjà tes cop’s te dire : « oui c’est amusant,
mais TU NE PEUX PAS COMPRENDRE ») !
Que l’on se le dise, le jour où tu découvres qu’outre les
shockobons et le cassoulet, quelque chose s’est installé dans ton ventre, tu
flippes ta race. Si en plus tu es hypocondriaque, c’est la fin des
abricots ! « Docteur, j’ai l’estomac qui grince », « Pas
d’inquiétude, vous ne faites que de l’aérophagie, c’est normal pour une femme
enceinte vous savez ». Tu
découvriras plus tard la joie des hémorroïdes et des cystites. Une chose est
sûre, le glamour et la pudeur qui sont en toi, disparaissent le jour où le
mouflet en prend la place.
Ton humeur change aussi. Une tranche de pain qui tombe par
terre t’arrache un torrent de larmes aussi puissant que le jour où Jêrôme
Crepin, ton amoureux de maternelle, a
préféré jouer aux billes plutôt que de se marier avec toi. Quand on te demande
« Tu veux aller te balader en ville ou tu préfères te faire un
ciné ? » Tu hurles avec la voix de Joey Starr « Il faut
toujours que je décide de tout dans cette baraque ! Prends donc des
initiatives ! ».
En gros, pendant neuf mois, tu oscilles entre le chaton triste
et l’abominable homme des neiges. Parfois, tu en joues même un peu, « Tu
peux me ramener un paquet de chips au sel de l’Himalaya, s’il te
plait » ? Pour finalement te confondre en excuses :
« Merci, tu es adorable, mais là j’ai la nausée » ! L’avantage d’être enceinte, c’est que l’on te
pardonne tout ou presque.
Le jour de l’accouchement c’est une autre histoire. Même si
tu as essayé de t’y préparer au mieux, que tu es au taquet du yoga prénatal et
que la section « jeune maman » de doctissimo n’a plus de secret pour
toi, tu trembles de trouille. Surtout lorsque l’on t’apprend que le travail est
trop avancé pour une péridurale. « Quoi ? Mais quoi ? » Les
yeux exorbités tu agrippes la gynéco « Donnez-moi de la cocaïne,
assommez-moi ! Dite au bébé de rester là où il est, après tout je peux
vivre toute ma vie avec ce ventre, j’ai l’habitude maintenant ». Mais c’est trop tard ! Alors que tu as
l’impression d’être écartelée, tu penses aux paroles de ta mère « Quel
bonheur, lorsque je t’ai sortie de mon ventre ! ». Tu en comprends mieux le
sens….Elle avait hâte.
Pendant, que rouge pivoine tu essaies de contenir ta
souffrance, l’infirmière te lance : « mais, c’est que vous êtes doudou
(comprenez douillette) ». Là, ta
vraie nature ressort. « Casse- toi, connasse ! Sortez-là ou je la
découpe en morceau, je la mixe et je vous
la fais bouffer » ! A cet instant précis, ton mari à l’impression
d’avoir épousé la meuf de l’exorciste et toi tu te promets de ne plus jamais
faire l’amour !
Et puis à un moment, tout s’arrête, tu découvres enfin ton
enfant, tu n’y crois pas trop, tu te demandes s’il est bien à toi. Tu oublies
les chips au sel de l’Himalaya, le chaton triste, la cocaïne et le mixeur. Tu
flottes et tu pleures. Tu es heureuse,
mais un peu triste aussi, triste de ne
plus le porter en toi. Il est beau. Cet enfant, c’est le tien, c’est le
vôtre.
Copines, femmes, mères, ce billet est pour vous. Ce que j’ai
écrit vient de vos récits, que j’ai écoutés avec attention, parce qu’ils m’ont
fait rire ou pleurer, parce qu’ils m’ont touché. Tout au long de ces neuf mois
d’absence, la seule chose qui m’a donné de l’inspiration, mais surtout de
l’espoir dans ce monde un peu dur, c’est de vous voir : battantes,
sensibles et belles. Sachez que je vous admire et c’est pourquoi aujourd’hui,
j’emprunte vos habits, car je ne sais pas si un jour j’aurai votre courage. Ne
culpabilisez jamais de vos fragilités, de vos erreurs, parce que malgré tout,
elles sont remplies de tendresse.
Allez stop ! J’arrête là mon discours mièvre et doucereux à souhait et je
laisserai le soin à Julien Clerc de
conclure ce billet : Femmes, je vous aime !
Ma Parole ! c'est du vécu (JC)
RépondreSupprimerTe revoilà avec un très bon et beau texte !
RépondreSupprimerMais de qui tiens-tu donc cet imbattable talent épistolaire ?
Do
BRAVO
RépondreSupprimerDrôle et .... émouvant !
RépondreSupprimerMerci pour ce bel article!! 😊
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