Dans deux trois mois j’aurai 30 ans et il y a 5 ans mon ancien blog se noyait dans le web 2.0.
Il y a 5 ans, je fêtais mes 25 ans (cf : ce magnifique portrait pris sur la terrasse d'un café à Nantes. La coiffure n'a été homologuée que pour la photo).
Un quart de siècle ! T'imagines? Ça fait peur, mais t’es presque contente.
T’es grande, mais pas trop. A 25 piges, tu enquilles les shooters sans sourciller, sans penser aux maux de tête du lendemain.
A 25 ans, j’étais toujours étudiante, je kiffais mon meublé et la seule question qui m’inquiétait c’était : « vais-je un jour réussir à m’offrir un sac Marc Jacobs? ».
Tu te rends compte, 5 ans, c’est rien ! Alors pourquoi, dans un espace spatio-temporel relativement court, tout change ? Tu commences soudainement à t’intéresser à l’œnologie, tu pars en thalassothérapie. Tu penses très sérieusement acheter un grand congélateur pour te préparer des plats individuels maison parce que c'est plus sain et qu'au moins t'es sûre que "tu-n'as-pas-des-saloperies-de-viande-de-cheval-dedans" ?
Mais que s’est-il passé en 5 ans, bordel ! Il y a une escouade qui te benne un fumigène dans la tronche pendant ton sommeil ? Ils t’injectent un produit à base de « tu-vas-flipper-ta-mère-du-temps-qui-passe » et « à-partir-de-maintenant-tu-vas-tout-remettre-en-question »?
En 5 ans, tu paniques, tu deviens hypocondriaque. « J’ai des cheveux blancs ! Et si c’était Tchernobyl ? » (ouais, j’ai connu Tchernobyl mon pote !), t’hyperventiles à l’idée de te coucher après minuit un soir de semaine.Tu bois des tisanes drainantes, parce que tu commences à faire de la rétention d'eau.
Il y a 5 ans, je mangeais à la crêperie avec mes copines sans penser une seule seconde aux calories de ma crêpe double raclette.
Alors aujourd'hui, bilan des courses : je vais bientôt avoir 30 ans, je kiffe boire un Nuit Saint-Georges en bookant mon week-end thalasso, je me fais des couleurs pour cacher mes cheveux irradiés, je m'hydrate à longueur de journée de flotte à l'herbe pour éliminer. Je pense sérieusement à m'acheter une tenue pour le jardinage et à installer une pergola sur ma terrasse.
Ok ! Ma vie a changé. J'ai désormais des goûts de trentenaire affirmés. Mais je tiens à préciser : je n’ai toujours pas de sac Marc Jacobs.
Je me suis dit à 30 ans je balance tout et je vais m’installer sur une ile déserte, seule, avec un hamac sous le bras. Problème. L’idée de me laver à l’eau de pluie me donnerait presque envie de m’enrouler dans du film plastique toute ma vie pour éviter de chopper des bactéries. Ensuite, compte tenu de la vieillesse de mes os de trentenaire, je ne m’imagine pas dormir sur une feuille de bananier avec un rondin de bois en guise de traversin. Et puis, gros point noir, il n’y a pas de H&M sur une ile déserte. Fin de la discussion. Le trip Robinson de Crusoé, on oublie.
L’idée d’avoir 30 piges, de vivre en location, d’être célibataire sans enfant, avec une garde-robe bien plus remplie que mon compte en banque, me flanque le bourdon. Après, tu as toujours tes amis pour te remonter le moral « Non mais Ludi, 30 ans c’est jeune ! C’est le plus bel âge ! » A coup sûr, ces amis-là n’ont pas encore passé le cap de la trentaine.
Et puis, tu as ceux qui s’inquiètent de ton statut Facebook. « Vous êtes 13 millions de célibataires en France, tu n’es pas seule ! » Généralement, ces copines, c’est celles qui sont mariées avec deux mouflets, une maison avec une sonnette à la porte qui fredonne l’air de « la lettre à Elise ».
Moralité, je ne suis pas un cas perdu, je ne suis pas seule, des milliers de femmes vivent ce que je vis, oui, mais ! Moi ce qui me manque c’est un projet, LE projet.
Alors, je divague : Et si je quittais mon boulot pour ouvrir mon propre salon de thé ? Et si je devenais fleuriste ? Et si j’ouvrais un salon de thé fleuri ? Comme dirait Julien Clerc « je le sens, je le sais », il me faut un truc qui m’anime, un truc qui me donne envie d’être fière de mes putains de 30 balais.
Une liposuccion ? J’ai encore l’image en tête de ces nanas à la télévision qui se font transpercer le gras à grand coup de broche à cochon.
En fait, Je crois que je vais continuer ma crème Nivea anticellulite.
Un lifting ? Pas besoin. J’ai peut-être 30 ans, mais tu m’attaches les cheveux, tu me démaquilles et tu me colles un jogging, je ressemble à Shirley Temple version Kaïra.
Parce que OUI j’ai de la chance, je fais JEUNE.
Donc oublions les artifices de beauté et cherchons la motivation ailleurs. Pourquoi ne pas reprendre l’écriture. A 20 ans, je m’imaginais déjà au salon du livre à signer des autographes. Aujourd’hui, les seuls trucs que je signe ce sont les factures de foires agricoles.
Alors c’est décidé, dans deux mois, j’ai trente ans et je me remets à l’écriture. Vous êtes prévenus : ce blog sera un ramassis d’histoires mêlant arnaques et vérités. Ma vie est loin d’être digne d’un roman, mais j’ai l’imagination fertile et je vous ferai rêver… ou pas.
