mercredi 27 mars 2013

Je passe à la radio, Champagne ... ou pas




Lundi 25 mars, 17h12, dans une minute, je dois passer sur les ondes de France Bleu Maine afin de parler de mon blog. Mes collègues se sont regroupées dans mon bureau pour m’écouter. Je cherche comme une demeurée la station sur Internet. J’allume. Y a Eddy Mitchell qui s’époumone sur la route de Menphis. Au fond de moi, je suis deg. C’est comme ça qu’on prépare mon passage sur les ondes ? Avec du Eddy ! Ils auraient pu choisir un truc profond, un truc qui bouge, un truc que tu gardes en tête comme du Patrick Sébastien. Un truc qui a le swag quoi ! 

17h12, une nana prend la parole. A ce moment précis, je sens que je fais fausse route, mais je persiste, je suis teigneuse, je ne voudrais pas me louper (oui je me kiffe, et alors ? Pas vous ?). Je patiente. 17h14. La nana de la radio parle du Cirque Barilla, ça ne sent pas bon. Julien m’avait dit 17h13. 17h13 c’est pas 17h12 ou 17h15 tu vois ? Le journaliste radio, il est précis, il ne dit pas des conneries. 

 J’ai donc l’idée plutôt brillante de vérifier une énième fois la station. Je m’énerve, l’ambiance est électrique, mes collègues ne respirent plus,  y a juste une mouche qui se fracasse contre l’halogène. Ca daube, mais personne ne moufte. 

« Purée je suis sur France Bleu Panane les meufs, pas sur Radio Rillettes ». Mes 3 minutes 30 de gloire, je les veux et je suis en train de tout louper ! Ca tweet dans tous les sens, mon portable reçoit des textos, mes collègues commencent à s’emmerder et moi je clique comme si ma vie en dépendait. 

Je trouve enfin la bonne station. Les filles gloussent derrière moi. Je me retourne avec des yeux : « la première qui se fout de ma gueule je la badigeonne de miel, je la lance dans les rosiers et je lâche les guêpes. » Les filles ne gloussent plus.

La voix du présentateur résonne dans le bureau. « En tous cas si on veut lire vos billets d’humeur, on peut aller les voir sur votre blog trentenaireparty.blogspot.com . Merci Beaucoup Ludivine ! »

« Merci Julien ! » Voilà ce que j’ai entendu de moi. 

Heureusement dans la vie, il y a toujours Bonney M pour te remonter le moral.

lundi 25 mars 2013

Insatisfaite ? L'astuce pour relativiser sa vie en moins de 10 minutes



Que l'on se le dise : qu’il ait 20, 30, 40 ou 50 ans l’être humain (notamment la femme) a la fâcheuse tendance d’être constamment insatisfait.  

« Tiens ! Je boirai bien un thé sur la terrasse, mais il y a trop de soleil.Ca va faire ressortir mes tâches de rousseurs ».

 « J’en ai marre de ce temps d’hiver, en plus je suis blanche comme une guimauve albinos, faudrait que je fasse des UV ». 

« C’est tellement déprimant de bouffer mes petits-beurre/Nutella seule sur mon canap ! Ah bon tu m’invites ? Ouais, mais non, en fait j’suis crevée ! »

 « Je vais prendre un Burger double fromage, triple bacon, s’il-vous plait. Eh merde ! j’aurai du choisir une salade verte, sans vinaigrette ». 

Pourquoi ? Pourquoi sommes-nous incapables de se satisfaire de ce que l’on a ? Tu as les cheveux frisés, tu les veux raides, tu as trop de seins tu veux les aspirer, t’en n’a pas, tu ne rêves que de la Silicone Valley.

Franchement, si j’arrivais à être un minimum satisfaite de ce que j’ai : mon banquier m’épouserait, je ferai ma carrière au milieu des lépreux et je pourrai planter ma toile de tente dans un vrai camping tout en trouvant ça charmant. 

« Ludi, essaie de voir le verre à moitié plein, pas à moitié vide ! » me rabâchent mes proches.

Alors j’essaie d’adopter leur philosophie. OK. Je n’ai pas de pergola. Oui, mais j’ai un appartement douillet en maison de retraite (moyenne d’âge de mes voisins ? 110 ans). Je n’ai pas d’enfant ? Oui, mais j’ai un très beau Yuka, très silencieux. Je n’ai pas de mari ? Oui, mais j’ai un très beau Yuka, très silencieux.  

En gros, quand tout va bien, quand ta famille est en bonne santé, quand tes amis sont présents, qu’à ton boulot t’as eu une augmentation de salaire, tu trouves toujours un truc pour te plaindre. CF : « J’ai des bouées sur les hanches, ma vie est un drame faut que je fasse Weight Watchers. » 

A côté de ça, tu vois de vrais obèses dans des émissions très réalistes et  à peine exagérées : « Yves a 20 ans, il pèse 450 kilos, il est cul-de-jatte, sa vie est en danger. Va-t-il réussir à sauver sa peau en perdant les ¾ de son poids en moins d’un mois, tout ça en subissant une greffe des jambes ?» 

C’est précisément le genre d’émission qui fait relativiser ta vie en moins de 10 minutes. T'as envie de les biser. Limite tu appellerais la prod de « tellement vrai » et de « confessions intimes » pour leur dire : « Merci les gars, grâce à vous, je me sens enfin saine d’esprit, mince et satisfaite de ma vie. » 

D'un seul coup, tu viens de comprendre un truc crucial.Ce vieux dicton que tu n'arrives jamais à mettre dans le bon ordre, eh bien là, il prend tout son sens. En fait, le malheur des uns, fait quelque part le bonheur des autres.


Photo réalisée par Romuald Goudeau  www.onedayonephoto.net

mardi 19 mars 2013

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai combien de points te sont autorisés


Au début, tu te dis que ce n’est qu’un mirage. Puis, ensuite tu t’approches doucement du miroir et tu commences à tâter. Mais qu’est-ce que fait ce petit flotteur sur tes hanches ? C’est drôle, il n’était pas là hier le couillon. Alors tu pétasses, tu malaxes, tu te dis qu’en pinçant très fort, il disparaitra peut-être.

Et là, d’un seul coup, en culotte/sous-tif/chaussettes, seule devant ton miroir, c’est la dégringolade. « J’ai les bras qui pendent comme des gants de toilette sur la corde à linge d’une espagnole », «Et ce bide ? J’suis enceinte ou quoi ? » En fait, tu es au courant depuis quelques temps déjà, mais tu feins vaguement l’oubli. A vrai dire, tes abdos, ils font la grève. Ils se sont cassés en 2002, un jour d’automne à Bora-Bora. C’est simple, en ce moment, ils sont en train de s’empiffrer de chips et de mojitos devant le coucher de soleil polynésien.

Vient ensuite le moment de l’ultime torture. Le moment où tu te sens plus seule que jamais. T’as l’impression que ta salle de bain devient immense et toi tu es seule, fragile, sans tes abdos, mais avec ta bouée. Tu poses un pied, doucement. Tu retiens ta respiration. Tu poses l’autre pied et en même temps, tu t’accroches au lavabo, pour que le choc de la balance soit moins brutal. Tu patientes. Les secondes sont longues. Le chiffre s’affiche enfin. T’as l’impression qu’une alarme retentit dans toute ta salle de bain, tu sais comme celle qui se déclenche tous les premiers mercredis du mois.

Ni une, ni deux tu coures dans ton salon en culotte/sous-tif/chaussettes. Tu allumes ton ordinateur et tu tapes LES deux mots fatidiques : Weight watchers.

Tu entres subitement dans une spirale infernale de points, de calories, de pesées. « Alors aujourd’hui, j’ai le droit à 29 points. Mais, le bouillon de cube que je viens de lancer dans l’eau de mes pâtes, je le compte ou pas ? ».

Toute la journée, tu calcules. Une chips, paf ! 4 points. Un paquet de m&m’s : alors là, t’as plus qu’à pleurer les larmes de ton corps, t’as bouffé l’ensemble des points de la semaine.

Ta vie se transforme subitement en point. « J’ai marché 20 minutes, super ! J’ai gagné 5 points ». « J’ai tenu toute une journée en réunion ayant pour thématique : les coûts de production laitière, ça mérite bien 10 points quand même.»,  « le garçon là-bas ? je dirais à l'aise 30 points ».

Ceci dit, c’est drôle comme tes points, tu les oublies vite quand vient le temps de l’apéro. « Un verre de vin ? Oh allez, je le compte comme de l’eau ». « Un petit pâté en croute, est-ce bien raisonnable ? Après tout, je n’ai pas mangé de protéines aujourd’hui, comptons-le comme un steak haché 5% de matière grasse. » En gros, l’apéro, te rend débile  ET hypocrite.  

En fait, à bien y penser, ce qui est débile, c’est de transformer ta vie en points. De ne focaliser que sur ta bouée et tes gants de toilette, alors que tu as la jambe fine et l’orteil fuselé. Et puis cet été, après tout pourquoi ne pas laisser de côté l’affutage saisonnier pour tout simplement rejoindre ses abdos à Bora-Bora, manger des chips et boire des Mojitos.

mercredi 13 mars 2013

On a tous une huitre qui sommeille en nous




Des fois c’est plus fort que toi, t’as besoin d’espace. Tu suffoques. Tu étouffes. T’es une huitre en pleine tempête. Ta petite carapace râpeuse se choppe les embruns, t’as envie de crier « foutez-moi la paix » mais blempro à l’horizon : t’es une huitre, tu ne causes pas ! 
 
Bon moi ça va. Je ne suis pas un mollusque et quelque part, je ne m’en sens pas plus malheureuse. Etre une huitre, ça doit être chiant. Tu dois te sentir grosse, visqueuse et inutile. Au mieux, tu attends  avec tes copines, peinarde sur un rocher toute ta vie, au pire, tu finis dans l’estomac d’un gros bonhomme qui s’appelle Maurice. 

Tout ça pour dire qu’une huitre, moi j’ai l’impression que ça étouffe dans sa coquille. D’où la ressemblance avec l’être humain, de type féminin qui approche la trentaine et qui suffoque comme un pingouin au Kenya.

Être entre deux âges, ça t’asphyxie, j’te jure. T’es coincée entre tes 30 piges qui annoncent en stabilo orange « c’est le moment de concrétiser tes projets, de construire ta vie, d’acheter une maison, un Labrador et une Pergola » ( en résumé : tu ne déconnes plus jeune fille, t’es une femme). Et puis, tu vois les 40 au loin, mais loin tu vois, genre comme quand tu plisses les yeux pour regarder le fort Boyard à l’horizon. Ils sont loin les 40 et en même temps quand tu penses à tes 20 ans, tu te dis que 10 ans, ça passe aussi vite qu’Usain Bolt sous cocaïne. 

Au fond de toi tu espères comme à tes 20 ans, que ta vie soit rangée et posée 10 ans plus tard. Et c’est à ce moment précis que tu sens monter le frémissement de  l’huitre.

 Les questions se bousculent : Les mômes que l’on nourrit à coup de petits-beurre/Nutella vont-ils exister ? La maison avec travaux et Pergola  va-t-elle aboutir ? Qui sera celui qui supportera LE caractère d’huitre/pingouin au Kenya ?  Le salon de thé fleuri ouvrira-t-il ses portes un jour ? 

D’accord, je ne sais pas si un mollusque se pose ce type de questions, mais aujourd’hui, j’aurai presque envie d’adopter une colonie d’huitres pour leur dire « c’est bon les meufs, vous n’êtes pas seules. »

vendredi 8 mars 2013

Comment une journée "spéciale" te permet de resquiller sans culpabiliser

 La journée de la femme, c’est super.

Pourquoi ? Déjà parce que l’on peut apprécier et se délecter goulument du potentiel très créatif du journaliste blasé.

A la une ce matin : «  la cause des femmes, toujours à défendre » (le journal du centre), « Elles font bouger le monde » (la dépêche du midi), « Un jour, des femmes » (Nord Eclair) et la cerise sur le gâteau ; le beauf de l'année, le mec que t'as envie de tarter avec son sourire-sucre-d’orge, bref mon préféré,  « le 8 mars, c’est toute l’année » (le journal La Montage). Accordons-leur le bénéfice du doute, ils sont auvergnats, ceci explique peut-être cela.

J’aime aussi la journée de la femme parce que tu as des cadeaux comme pour ton anniversaire, mais en format Yves Rocher. Les mecs eux, ils peuvent se brosser le nombril.

Ce midi, le patron de la saladerie ou je mange avec mes copines, nous a offert le café ; Promod, me propose un cadeau surprise avec le mot de passe « femme » (encore là , une preuve d’originalité) et un collègue m’a légué son stylo bille préféré. C’est quand même formidable, non ?

Ça prouve que l’on est si spéciale, si différente, on donne la vie merde ! L’égalité ? Moi je n’y crois pas une seule seconde. Sinon, il n’y aurait pas de journée qui nous est dédiée. On ne serait pas éperdument choquée lorsque l’homme nous dit « on fait moitié-moitié ». On arrêterait la crème dépilatoire et les cures anticellulite.

Ok, je racourcite. Toutefois, il faut bien l’avouer, j’en profite à mort : fait péter ta coupe de champagne, ton petit four gratuit et ton bracelet à deux balles.  Et promis demain, je ferai la vaisselle.

mardi 5 mars 2013

Vouloir tout et son contraire

« Je te jure, profites ! Tu n’as pas d’enfant, tu es libre comme l’air. Tu peux aller faire les magasins, prendre rendez-vous chez l’esthéticienne, bouffer des chips en guise de repas. Profites bordel ! » Voilà ce que m’a dit une mère de famille ce week-end, alors que l'on buvait une vodka-orange au T dansant, charmante boîte de Roanne.

A la base, les night-clubs, ce n’est pas mon truc. Je ne pensais pas me retrouver à faire glisser le soulier sur le dancefloor, encore moins à Roanne. Moi, j’ai des goûts de mère de famille. J’aime le jardinage, préparer des daubes provençales, me balader le long du marais poitevin en concoctant des pique-niques dignes de ceux de Bree Van De Kamp. 

Mes envies de retraitée me valent d’ailleurs pas mal de moqueries de la part de mes copines. Elles m’imaginent davantage comme mamie Nova, que comme Carrie Bradshaw. Ceci dit j’assume complètement. Je suis une dualité à moi toute seule : je peux acheter les inrocks avec Top santé. Mettre des tailleurs bon chic-bon genre au boulot et faire péter « le-décolleté-rouge-à-lèvre-fausses-Louboutin-bonsoir-jeune-homme », le soir. Je suis en mesure de parler très sérieusement du conflit israélo-palestinien puis m’interroger sur l’avenir des laits hydratants sous la douche.

Alors quand je pense chérubins : je me dis que je suis fin prête à poudrer des fesses ; à nettoyer les bavoirs, à moucher les nez encombrés. Ok ! En fait à bien y réfléchir, je me pose des questions. Ce que m’a dit la mère de famille à l’apogée du bonheur à l’idée de siroter cocktails sur cocktails en se déhanchant sur Shakira, m’interpelle. Après tout, c’est vrai. Aujourd’hui, je fais des grasses-matinées à faire pâlir de jalousie la Belle au Bois Dormant. Je regarde mes séries télé, en culotte tout en mangeant des petits-beurre avec du Nutella. Je dépense l’ensemble de ma paie dans des pompes de toutes les couleurs, toutes les formes, toutes les matières. L’arrière de ma Swift a été transformée en penderie pour mes nombreux vêtements et à bien y réfléchir, je ne sais pas si je suis prête à la troquer  pour un siège auto.

D’accord, faire glisser le soulier sur la piste de danse entourée de pré-pubères hilares après deux Get27, n’est pas mon kiff absolu. Ceci dit, aujourd’hui, j’ai le choix. Je ne suis pas obligée de booker 4 décennies à l’avance la nounou, le sac à langer, le bib et les petits pots pour sortir boire un verre.

Sauf que cette dualité à deux balles me rend dingue. Je suis à deux doigts d’aller voir Mamadou maître en voyance de chakra marabout pour qu’il me rassure sur mon avenir familial.
J’allume des cierges pour rencontrer LA bonne personne avec qui je ferai DES enfants. Je crise au rayon poupées Barbie et lego.   Et puis, en même temps,  la voix de «la-mère-de-famille-du-T-dansant » résonne en moi comme une alarme. « Profites. Le reste suivra » !

Je peux donc aller bouffer sereinement devant mes séries-télé. Un jour c’est ma descendance qui comatera sur le canap’ en culotte en mangeant des petits-beurre/Nutella que je leur aurai préparés.