jeudi 30 mai 2013

30 ans : les 5 phases que tu vas traverser




Qui dit D day, dit billet. 

30 ans ça fait quoi ? Allonge-toi, ça va bien se passer. Je t’explique. 

Si tu es constitué comme une Ludi-Bond/Ludi-Naze, tu traverseras différentes phases avec plus ou moins d’intensité selon les minutes qui passent.

Phase 1 : la nostalgie

Une heure avant le moment fatidique, tu commences par soupirer : « Ah ! Mes 20 ans » ! Là, comme dans un film où le mec s’apprête à mourir, tu vis LE flash-back. Toutes tes fêtes d’anniversaire défilent devant toi : Un muffin que l’on t’apporte le jour de tes 10 ans, dans une classe d’un pays que tu ne connais pas, avec des enfants qui n’ont pas le même accent que toi. Ta famille et tes amis qui se réunissent pour une surprise le jour de tes 18 ans. Un cousin qui t’embarque dans une tournée des bars manceaux, pour tes 20 ans. Tes potes cachés dans le jardin qui déboulent des 4 coins de la France. Un invité surprise qui sonne à ta porte de bon matin. Une journée de pluie à bouffer des cookies collée au fond de ton canap. 

Phase 2 : la tristitude 

Comme toute gonzesse qui se respecte, forcément avec ces bons sentiments, ces images sucre d’orge, ces flash-back tout de miel vêtus, tu sens poindre la larmichette au coin de l’œil.  Nostalgie, quand tu nous tiens. Sauf, qu'après la larme, tu flippes. T’as pas encore 30 ans, il te reste une heure de sursis et tu as envie de hurler au monde entier : « Putain les mecs, je veux pas » !

Tu tentes de faire bouger ton nez comme ma sorcière bien-aimée pour arrêter le temps. Le seul truc que tu arrêtes c’est ta respiration. Tu suffoques. C’est un autre film qui débute : La ligne verte. Tu te sens comme le grand black qui marche dans le couloir de la mort. Tu te dis que c’est la dernière fois que tu démaquilles ta tronche de vingtenaire. Tu fumes ta dernière clope de jeunette. Tu balances aux oubliettes Winnie l’Ourson car tu vas devenir pour toujours, une adulte responsable. 


Phase 3 : la réalité

Après une nuit agitée par des rêves de cheveux blancs et de crèmes antirides, tu finis par te lever péniblement. Tu files t’observer dans le miroir. Les cernes sont présents, mais passables, l’œil reste vif, le cheveu blanc est camouflé « parce que je le vaux bien ». Bref, rien n’a vraiment changé, sauf une chose.

Quand tu ouvres tes volets, tu découvres que tu es née en automne. Pluie, ciel gris, aujourd’hui, le temps a décidé de te soutenir moralement, d’être en phase avec ton humeur.
Pour l’occasion tu enfiles ton costume de super-héroïne. Veste rose, pompes roses, rouge à lèvres barbie girl.  Tu as toute la panoplie de la Ludi Bond, prête à dégainer celui qui te sortira une phrase pré-emballée : « mais tu as toute la vie devant toi ! », « 30 ans, c’est le plus bel âge », « attends de voir les 40 ans arriver ! »


Phase 4 : la gloire

C’est le jour J, et c’est TA journée. TU es LA star qui reçoit des bouquets de fleurs au taff. Des courriers enflammés, des compliments alambiqués.

Le mec qui oublie ton anniversaire, faut vraiment qu’il soit couillon avec toutes les alertes rouges que tu fais passer au travers des réseaux sociaux, de ton blog et de quelques coups de fil anonymes. 

D’ailleurs, tu ne tardes pas à en payer le prix. 

Quand 15 serveurs t’encerclent au Buffalo avec un fromage blanc dans lequel est plantée une bougie, que la musique retentit à donf dans tout le restaurant en hurlant sur un rythme de country endiablé « Joyeux anniversaire les p’tits indiens », étrangement, tu oublies ton âge. Tu remercies au passage tes copines de ne pas avoir loupé tes 30 piges. Quelque part toutes ces attentions t’émeuvent. 

Phase 5 : le discours de vieux

Qui dit 30 piges, dit discours à faire pleurer dans les chaumières.

Ami lecteur, merci de supporter mes « jérémiades », mes coups de gueule et mes coups de flippe.

Mes 30 ans, je ne les fête ni en Ludi-Bond, ni en Ludi-Naze, mais juste en moi. Avec de l'amour, un soupçon de gentillesse et beaucoup d’espoir.

Tu m’as cru là ?

Je déconne mec ! Je suis chou, mais pas pathétique.  Je vais continuer à te harceler avec mes histoires de gonzesses, mes plaintes insensées, ma mauvaise foi et mon humour potache, car aujourd'hui j'ai 30 ans et l'histoire ne fait que commencer. 

mardi 28 mai 2013

Nous sommes deux soeurs jumelles : hommage à demi-mot


J-2 avant le D Day et que dire ?

Tremolos dans la voix, peur de ne plus jamais pouvoir revenir en arrière, pourtant c’est inévitable, dans deux jours ta vie bascule d’une dizaine.

Et puis, y a toujours ces mêmes personnes qui te disent « Non mais j’te jure, 30 ans c’est le plus bel âge ! » avec une voix de pétasse. Toi, tous ces gens, tu as envie de les coller dans la tour de la terreur de chez Mickey, d’appuyer à donf sur le starter en criant « Ah ! Vous voyez l’effet que ça me fait » ?

T’as grave les choquottes. En 10 ans, que va-t-il se passer ? Est-ce qu’à 30 piges, tu as encore le droit de faire des dessins dans ta purée ? Peux-tu toujours construire des châteaux de sable avec un pont-Levis et de l’eau autour quand tu vas à la mer ? Y a-t-il une date de péremption pour toutes ces choses ?

Heureusement, tu as un sauveur. Une nana qui débarque dans ta vie du jour au lendemain et qui calme toutes ces peurs.

Elle a été conçue par une sorte de fée artiste et elle s’appelle Ludi Bond. Elle aussi, elle va avoir 30 piges. Elle est drôle, pétillante et super zen. Contrairement à toi, elle ne s’angoisse pas avec des dates de péremption, des crèmes anti-cellulite et des régimes Weight Watchers.

Cette meuf, elle a envie de sauter en parachute, de faire le tour du monde en radeau. Elle veut plein d’aventures avec des tonnes de dessins dans la purée,  des châteaux de sable sur toutes les plages du monde. Ce qui l’anime, c’est de vivre sans avoir la crainte accrochée au bide. Pour elle, la peur n’est qu’un leurre de l’esprit.

30 ans, c’est le début de son histoire à Ludi Bond. Elle se prépare au plus chouette des voyages. Avec du rose et de la paillette, de l’amour, de la folie, des copines qui lui parlent des heures au téléphone, des tonnes de cupcake avec des cœurs.

Ouais ! C’est vrai, elle a l’air un peu niais Ludi Bond, mais elle est libre (d'ailleurs, le premier qui lui rétorque "comme max?" elle lui pète la gueule). Ce que pensent les autres ? Elle s’en brosse le nombril avec le pinceau de l’indifférence. Le principal pour elle, c’est de vivre à s’en faire péter le cœur et le bide.

Toi, tu la trouves attachante cette Ludi Bond et t’aurais presque envie de l’adopter. Elle deviendra ta jumelle funcky, aventurière et téméraire. A deux on est plus fort.

D’ailleurs, tu n’es pas gémeaux pour rien !



Illustration by Qora & Shaï



jeudi 23 mai 2013

Ne jamais dire jamais, mais toujours dire OK


 Parfois, on te pose une question et tu réponds par l’affirmative sans trop réfléchir.

« On va bouffer un mc do » ?

 « Ok » !

 Puis, après tu cogites : est-ce vraiment bon pour ma santé ? Que va dire la tribu Weight Watchers ? Le Big Mac va-t-il chuter sur mes hanches et me flinguer ma tenue pour le mariage de ma cousine ? Tu culpabilises d’avoir répondu avec autant de légèreté à une question pourtant si importante.

Outre la question culpabilisante, tu as également la question flippante, mais que tu ne vois pas toujours venir.

« Ca te tente, 12 km de rando dimanche » ?

« OK » !

Comment ça ok ? Pourquoi tu as répondu ok ? 12 km, Bon Dieu !

Ce n’est quand même pas une nouvelle de t’apprendre que tu as le souffle d’un bulot asthmatique ? J’veux dire, la dernière fois que tu as marché de ta bagnole jusqu’à la porte de ton ascenseur, tu as frôlé le point de côté ! C’est simple, toi, tu n’as de l’athlète que le t-shirt Adidas.

Et comme ça, hop, tu zieutes ton agenda, tu découvres que dimanche tu es free et tu dis Ok. Bon Sang, mais tu n'as jamais fait de randonnée de ta vie !

Le jour J, tu comprends très vite ta connerie.

« Donc ça c’est le chemin ? Le petit-bordel-sinueux sur le plan c’est notre trajet » ?

Tu demandes ça de façon nonchalante, la main droite sur la hanche, le coude gauche sur la bagnole. D’ailleurs, la bagnole est toujours là, elle te rassure. Tu te dis qu’au pire, si le petit-bordel-sinueux ne t’inspire pas, tu peux te casser et laisser ta copine en plan. Sauf, que ta bonté te perdra un jour. Tu restes.

Vient le temps de la première demi-heure de marche. Tu découvres la joie des balises. « Une croix ça veut dire que tu te gourres de chemin, un trait ça signifie que tu dois continuer tout droit, deux traits indiquent que tu dois tourner à droite ou à gauche »

Ma copine, elle te sort ça sans sourciller. Elle est sûre d’elle, c’est la MacGyver  de la rando. Alors, tu la suis. Tu papotes. Les balises tu t’en fous, dans ta tête tu comptes combien 12 km de marche ça te fait en points Weight Watchers.

Tu passes le cap de la première heure sans trop de difficulté. Finalement, pour un bulot, tu t’en sors pas mal. Tu bois une goulée. D’ailleurs, dans ton sac-à-dos tu as tout prévu : les barres de céréales si tu te perds en forêt, le brumisateur si tu agonises, les pansements si tu as une plaie ouverte, les lingettes démaquillantes si tu es contrainte de bivouaquer sur place, le magazine Grazia si tu as besoin de t’occuper. Tout, tu as tout !

Toutefois, au bout d’une heure et demi, t’as l’arrière des cuisses qui n’a jamais été autant étiré de sa vie,  ton mollet irradie de chaleur, ton orteil mutant veut sortir de ta basket. Tu commences à être atteinte du syndrome enfant-dans-la-bagnole.

« Quand est-ce qu’on arrive » ?

Là, ta pote, elle te montre sur le petit-bordel-sinueux où l’on se situe.

« Putain, tu déconnes ? On a encore tout ça à parcourir »?

Tu marches, de toute façon t’as que ça à foutre. Tu marches, comme t’as jamais marché de ta life. Tu ne sais pas où tu vas, tu sais juste que lorsque tu entendras la route, tu seras sauvée. Vu ta forme physique le marais poitevin à pied, c’est ton Saint-Jacques-de-Compostelle à toi.

Finalement, après 3 heures de marche, tu vois au loin poindre la civilisation. Un bar. Putain, un bar quoi ! Le parking ! Le point d’arrivée ! Tu l’as fait !

Là, tu imagines une haie d’honneur, une banderole à déchirer avec ton corps. Des gens t’applaudissent. En haut du bar, y a une pancarte en néon rose qui clignote « Ludivine : championne »

Bon en fait, y a qu’un couple de petits vieux sur un banc qui ne prête pas attention à ta mine rouge, bouffie et éreintée. Mais toi tu t’en fous, tu les as fait tes putains de 12 km et tu es fière comme un paon devant son harem.

Ok, tu diras plus souvent « ok » !

mardi 14 mai 2013

Chuck Norris : Des larmes et des rires


Des fois c’est plus fort que toi, tu chiales. Tu ne chiales pas quelques larmes comme dans les films d’amour. D’habitude dans les films d’amour, la nana pleure : une larme coule le long de sa joue, le mascara résiste, son œil est beau, brillant, mais pas rouge. Une pétasse quoi ! Bref, toi quand tu chiales, c’est avec le trio morve- bave-œil de grenouille. Tu chiales tellement que des petits sons étranges sortent de ta bouche et tu te stoppes net en te demandant si un animal ne vit pas dans ton corps. De toute façon on s’en fout, tout le monde chiale : les mecs bodybuildés et les Hells Angels y compris. Si ça se trouve, même Chuck Norris pleure. 

Généralement, quand tu es dans cet état, tu ressembles à une parodie grotesque de Bridget Jones. La meuf qui n’existe pas dans la vraie vie. Celle qui se lance sur son lit, agrippée à un vieux Winnie l’ourson qui n’a rien demandé. Généralement, quand tu as bien bavé sur ta peluche, tu exagères. Mais alors, tu exagères tout! « Ma vie n’a aucun sens, de toute façon, je vais crever de l’œil.  Que le grand Faucheur vienne me chercher maintenant, tout de suite, même si je suis en culotte-chaussettes ». Tu ne relativises rien du tout. Les enfants du tiers monde, les accidentés de la route, les divorcés, les otages de pays en guerre,  les gens de Confessions Intimes. Rien n’à foutre ! Toi tu souffres bien plus encore.

Après avoir rendu 12 litres de larmes, arrive en grande pompe le mal de tête. La vieille barre dans le front où tu sens la pulsation de ton sang grimper de l’œil jusqu’au cerveau. Hagard, le mouchoir dégoulinant dans la main, tu te lèves et tu asperges ta tronche de flotte, comme pour te réveiller quand t’es bourrée. Ta salle de bain est inondée, mais tu t’en fous, de toute façon, c’est fini ! Tu ne feras plus le ménage pendant au moins 20 ans, tu ne prendras plus ta douche et tu porteras à vie ta culotte et tes chaussettes.

Au bout de quelques heures d’errance dans ton appart, tel un hamster sous lexomil, tu te poses sur le canap, tu te demandes subitement ce qui vient de se passer.
C'était quoi cette transe de marabout envouté? Cette crise furtive de larmes-niagara ? Tu renifles un coup. Tu réfléchis. Tu re-renifle et puis tu te dis que : tout de même face à un otage du tiers monde affamé, accidenté, divorcé et qui passe sur Confessions Intimes, tu ne fais quand même pas le poids. Toi, vu ton bide, la malnutrition est loin de te guetter. Niveau séquestration, t’es en place :  un tour de clé et tu sors de ton appart. Mis à part une éraflure sur le tibia en sortant de ta bagnole, RAS côté accident. Divorcée ? Faudrait-il que tu sois mariée. Pour Confessions Intimes, à moins de tomber sur un mec Belge, fan de tunning, jaloux et atteint du syndrome Gilles de la Tourette, normalement les caméras de TF1 ne devraient pas franchir le seuil de ta porte.

Et puis, faut dire que tu es née avec une chance, une chance formidable. Quand tout s’écroule autour de toi, l’auto-dérision est ton arme. Alors, ok  tout le monde chiale, mais tout le monde ri aussi (sauf peut-être Chuck Norris).

Après réflexion, tu passes un coup de fil au grand Faucheur pour lui dire de venir prendre l’apéro plus tard. Tu irais bien rigoler un coup, en fait.

vendredi 3 mai 2013

le jour où je suis devenue une bombasse


Y a des métiers, tu te dis que dans le fond, ils ne sont pas si compliqués. Des métiers qui te permettent financièrement d’acheter une paire de louboutins matin, midi et soir sans culpabiliser.

En gros, le taff qui t’offre la possibilité de bien gagner ta vie, sans que tu n’aies besoin de prononcer la moindre parole, qui fait rêver et qui en prime te rend jolie, ça reste quand même le mannequinat. Bon, pas le mannequinat à deux balles où tu poses pour le carrossier du coin et où tu te retrouves à moitié nue sur une affiche portant le slogan : « Avec Jean-Marie Automobile Gouaille, gardez une carrosserie au poil. »

Non ! Moi je parle du vrai mannequinat. Celui où la bouche entrouverte, le regard « je-suis-mystérieuse-kidnappe-moi-tout-de-suite », tu tiens nonchalamment au bout de tes doigts un sac Chanel, tout en gardant une courbure de reins à faire pâlir d’envie Beyoncé. En gros, le mannequinat chic, glamour, je ne suis pas une tasspé (… mais je n’en suis pas loin).

Alors, qu’on se le dise tout de suite : ok, ça fait rêver, ok tu crois que c’est à ta portée. Eh bien moi, je casse tes rêves illico presto, ce job c’est pire que d’avoir 6 ans en Chine et d’être gymnaste professionnelle. C’est une torture de tous les instants. Rassurez-vous, je ne suis pas mannequin pro, même si mon œil de velours et mon orteil aguerri laissent présager le contraire.

Il y a quelques semaines déjà, je me suis frottée au shooting photo pour l’émission Instants femmes qui sera diffusée sur les ondes de Radio Gâtine, D4B et Pulsar en juin prochain. Les photos seront publiées sur le site internet de l’émission, s’ensuivra un débat radiophonique autour de la femme d’aujourd’hui, de son rapport à l’image dans les médias, internet, les blogs.  (La classe ou pas la classe ?)

Bref, me voilà donc un mercredi après-midi,  trousse de maquillage à la main, crème antirides de l’autre, le talon s’enfonçant dans la pelouse de chez Romuald Goudeau, photographe professionnel qui s’est également prêté au jeu de l’émission. N’étant pas encore une vraie Hit girl je n'avais ni coiffeuse, ni maquilleuse à ma disposition, je me suis donc débrouillée alone. En 15 minutes top chrono je t’ai bidouillé un charbonneux sur l’œil, une bouche glossy glossy et un teint  « chérie-je-reviens-d ‘Hawaï-c'était-M.A.G.I.Q.U.E ».

Jusque-là, même si tu as la mèche rebelle et l’eye-liner coulant, tout va bien. Là où ça se corse c’est quand Romuald te plante sur un fond blanc, qu’il met de la musique pour je cite : « te détendre » et qu’il ajoute presque automatiquement : « vas-y pose ! »

Grimacer tu sais faire. Imiter Chaplin, Beregovoy ou Céline Dion, c'est également possible pour toi, mais poser comme Gisele Bündchen, là, y a comme un hic (Jenifer, si tu nous regardes ! On te fait un bisou).

"Bon Romu, je fais comment? Tu sais, je n'ai pas l'âme d'une bombasse moi." Il faut savoir qu'en règle générale, le photographe est paternaliste. "Mais non, je t'assure tout va bien se passer. Tu es très jolie. Cette robe te va à merveille." Alors, en confiance, tu tentes un jeu de jambes aléatoire, une regard vague, une bouche quémandeuse qui s'approche plus du furet affamé que de la sirène amoureuse. Puis au bout de quelques heures de shooting, tu te rends compte que le photographe est également hypocrite. Il te dit toujours "superbe, génial ! J'adore." puis il ajoute  "Tu veux pas te cambrer un peu plus, lever ta jambe, étirer ton cou ?" Donc en résumé, il te trouve superbe, mais il te somme de te contorsionner comme pour un numéro du plus grand cabaret du monde "parce que sinon, tu vois, ça te fait un double-menton. " Là, il te montre la photo où tu n'es ni cambrée, ni jambe levée. Tu découvres ton gras double et tu manques de perdre connaissance !

Plus tard, vers minuit...parce que oui ! Ca dure longtemps un shooting photo, tu découvres le côté pointilleux du photographe à chapeau. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas toi ! C'est son éclairage, ses focales, son angle de prise de vue. Toi tu patientes en bretelles et sandales à -15, pendant que les passants alcoolisés viennent te parler. Quand 45 minutes plus tard, l'artiste est prêt (A la base il t'avait promis 15 minutes de préparation... le photographe est également menteur), toi tu es frigorifiée, t'as le nez rouge et tu apprends que tu dois tenir la pose sans bouger un ongle pendant 10 minutes. "car tu comprends on est en extérieur...", là, il te sort des détails techniques que tu n'écoutes plus, car tu es fatiguée, t'as froid, t'as mal aux pieds et tu ne rêves que de ton lit.

Voilà pourquoi être mannequin c'est compliqué. Tu t'es tellement cambrée, tu as tenu la pose tellement longtemps qu'un rendez-vous chez l'ostéo s'impose. Par ailleurs, tes pieds ont tellement pris le froid qu'une amputation imminente est à envisager.

Cependant, quand tu découvres le résultat, la beauté de l'éclairage, le jeu des lumières, tu te dis qu'être mannequin c'est dur, mais être photographe relève de la magie. La meuf que tu vois à l'écran c'est toi et tu oublies un instant que tu as failli lui faire bouffer son chapeau au photographe. Toi, tu te trouves presque belle, presque glamour. Chaplin, Beregovoy et Céline Dion sont bien loin maintenant. La bombasse en photo avec la mou boudeuse, le regard "kidnappe-moi", c'est toi et pas une autre !

Merci Romu.