Depuis que j’ai mes trente ans, je deviens une grande. Plus de peur, plus de stress, plus de kilos à perdre, du coup plus rien n’a raconté. Tu m’as cru là ? T’as bien raison d’être dubitatif. Je te rassure, j’ai toujours la hantise de croiser un pigeon fou au coin de la rue, je m’angoisse à l’idée de ne pas entrer mon popotin dans la robe de mes 16 ans qui m’allait si bien et ma balance m’informe tous les matins qu’il me reste encore deux ou trois os à perdre.
Toutefois, avouons-le, c’est l’été. L’été ça te détend, c’est
pas comme le printemps. Fini les allergies, bonjour le décolleté avantageux et l’orteil
qui se pavane nu dans ses tongs. Ton visage se dore l’épiderme, y a juste tes tâches
de rousseurs qui te font criser. Ton corps brunit et tous les soirs tu vérifies
tes marques de maillot de bain, fière d’avoir le derrière blanc comme une
meringue italienne, mais la cuisse dorée comme le poulet de chez mamie.
Le soleil, les soirées au bord de la piscine après le
boulot, les sangrias en terrasse et même le volant brulant que tu prends dans
tes mains quand tu entres dans ta bagnole : bah tout ça, ça te fait rêver
en attendant que les vacances arrivent.
D’ailleurs, quand tu te pointes au boulot et que tu sais que
c’est ta dernière journée avant 3 semaines de bonheur, tu te sens comme Mel
Gibson dans Braveheart. Rien, ne peut t’arrêter. Tu t’imagines descendre de ta
caisse, la musique de Carmina Burana derrière toi, le pas décidé, genre : « les
mecs, je boucle les derniers dossiers, je réponds à quelques mails, j’te claque
la bise et j’me casse ».
Le soir en rentrant, tu prépares fébrilement tes valoches
pour ta semaine de folie avec les copines. Bon, là en revanche, c’est le
calvaire. Tu ouvres ton placard en scrutant tes robes les unes après les autres :
« toi j’te prends, toi aussi, toi non, enfin si, j’aime bien tes fleurs ».
Bref, t’es pire que Strauss Kahn. L’infidélité c’est ton truc : tu aimes
plusieurs robes à la fois et même si l’une d’entre elle est trop petite pour
toi, tu forces la fermeture, ca te boudine, tu t’en fous. Elle est à toi et
elle n’a pas son mot à dire. (Bon ok, la semaine prochaine tu prends
rendez-vous chez le psy !)
Une fois les vêtements bouclés, tu gères la trousse à
pharmacie : Un mal de crâne, une aigreur d’estomac, une gastro, un pied
amputé ? Tu es parée à toute éventualité. Tu peux même porter secours à l’ensemble
de la population basque avec tout ce qui traine dans ta valise.
Dans la liste des trucs à caser, il te reste : les
chaussures, les bijoux, le maquillage, les produits de beauté et forcément, les
bouteilles de rosé !
Quand tu observes le nombre de sacs qui trônent dans ton
entrée, tu te dis que louer un stand sur le marché pourrait être une bonne
idée : en vendant tout ton bordel, c’est la fortune assurée.
Le jour J, tu descends la mine réjouie tout ton bardas. Tu
croises les voisins qui te te parlent de la pluie et du beau temps et étrangement,
tu kiffes. T’es heureuse !
Ce moment en général, il dure 2 minutes et 15 secondes. Quand tu te pointes devant ta bagnole, c’est à cet instant précis que les vacances tournent mal.
Ce moment en général, il dure 2 minutes et 15 secondes. Quand tu te pointes devant ta bagnole, c’est à cet instant précis que les vacances tournent mal.
Une question s’impose d’elle-même. Te stresse. Te file une
éruption soudaine de boutons.
Comment vais-je parvenir à tout faire loger dans la Swift ?
Merdeu !
Heureusement pour déstresser t’as le Lexomil qui t’attend
dans ta trousse de secours.