Bon, déjà la rentrée ça ne te faisait pas kiffer des masses.
Les gamins qui courent niaisement dans les rues le matin pour aller à l’école,
ton boss qui, pour cette nouvelle année fiscale est au taquet du résultat, tes
amis qui commencent à te parler de rentrée sportive…
Toi, tu retournerais bien à ton soleil et à tes mojitos. Au
lieu de ça, tu scrutes les promos « poudre bronzante » chez Sephora,
car ton teint de vahiné est en train de dépérir aussi vite qu’un vampire qui
ouvre sa fenêtre un après-midi de canicule.
Alors quand on commence à te foutre la pression avec le
sport sous prétexte que c’est la rentrée, que c’est le meilleur moment de se
remettre à une activité saine, équilibrée « parce-que-tu-comprends, t’as-arrêté-de-fumer-et
-la-prise-de-kilos-bah-ca-vient-avec », tu t’imagines un peu en Lara
Croft, Bazooka à la main, visant le premier pequenot qui te soumet l’idée.
Sauf que le souci c’est que ta balance, elle fait cohalition
avec le pequenot. Depuis une semaine, tu bouffes de la verdure en évitant de te
goinfrer de chocolat à la première tentation nicotinée. Et là ! Paf !
Un matin tout tranquille et serein (JJ, si tu nous regardes !), tu
découvres que tes efforts se fichent de ta poire en indiquant un kilo de plus
sur la balance. Tu hésites, puis tu te
lances. Tu hurles. La voisine vient frapper à ta porte, téléphone à la main
prête à appeler les flics. « J’ai cru que vous étiez en
danger ! »
Putain ! Mais oui, j’suis en danger vielle peau. Ça fait
deux semaines que j’ai arrêté de fumer et j’ai déjà choppé un kilo : là,
regarde ! Tu lui montres ton bourrelet de bide. Elle repart aussi sec dans
sa tanière grommelant que la prochaine fois, t’auras qu’à crever toi et ta
graisse.
Tu chiales comme un môme qui a perdu sa mère dans le rayon
légumes du supermarché. Ok ! Tu abdiques. Le pequenaud avait raison, faut
se mettre au sport.
Alors, un lundi, avec un entrain similaire à celui qu’on a
lorsqu’on suit un corbillard, tu te diriges vers une salle de sport, je cite « jeune-dynamique-sans-complexe ! ».
Foutaises ! Déjà, la bombasse qui te reçoit elle a plus d’un cours d’aérobie
dans le fessier.
« C’est pour de l’entretien ? » qu’elle te
lance avec son jogging rose poudré. « Non c’est pour faire de la mosaïque,
connasse ! »
De l’entretien ?
Mis à part perdre 3 litres de sueurs, ton sourire et ta dignité, courir sur un tapis c’est pas ce
que tu appelles de l’entretien. De l’entretien,
c’est plier les genoux quand tu vides le lave-vaisselle, contracter les fesses
quand tu grimpes les escaliers, se taper un fou-rire régulier pour muscler tes
abdos. Là mec, c’est de la torture !
Non mais sans déconner, t’as laissé tes poumons au vigile ou
quoi ? En 3 minutes de course modérée sur ton tapis, tu éructes, tu
souffles comme un bœuf à l’agonie. 5 minutes : tu pleures des larmes de
sang. 10 minutes : t’es la vierge Marie. 10 minutes ! Non mais s’te-plait,
t’imagine l’exploit ?
Enfin, tout ça, c’était sans compter les machines qui te brulent
littéralement l’intérieur de ta chair au troisième degré. Tu découvres des
muscles jusque-là insoupçonnés, genre l’intérieur des cuisses. Toi tu pensais que l’amas de graisse qui s’y est installé, ça faisait partie du
package de l’anatomie normale d’un être humain. Que Nenni ! Le coach, lui,
il a bien envie de te voir souffrir jusqu’à temps qu’elles ne se touchent plus,
jusqu’à ce que ton fessier nargue celui de Beyoncé et qu’à la force de tes
abdos tu arrives à repousser une armée d’All Blacks.
Quoiqu’il en soit, t’es quand même une fichue guerrière car
depuis plus d’un mois, 3 fois par semaine tu colles tes fesses sur un vélo d’appartement
sans rechigner. Tu montes des marches invisibles avec une grande dignité. Tu
coures sur place jusqu’à plus soif, sans avoir nulle part où aller. Alors, quand
le matin tu te réveilles, tu scrutes ta silhouette dans le miroir et tu te dis
que sport ou pas sport, t’es une nana géniale et un All Blacks à côté, c’est de
la gnognotte.