Des hommes grimaçant de douleur, hurlant comme une bande de Mamas italiennes en deuil. Ils crient la
fin de leur humanité pendant que des larmes roulent sur leurs joues colorées. Rien
ne pourra tarir leur peine. Le responsable mon pote : un ballon de 70 cm
de circonférence. A chaque match : un perdant. A chaque loose : des pleureurs
peinturlurés, baraqués et testostéronés écumant
leur peine au goulot d’une bière tiède.
Autant de larmes, tu n’avais pas vu ça depuis l’annonce
officielle de la mort disparition
de Michael ou la fin du célibat de Jude Law. Même Kim Kardashian reste plus
digne lorsqu’on lui confirme qu’elle ne rentrera pas son boule dans la dernière
robe Gucci.
Des hommes prêts à pleurer comme des enfants pour leur
patrie, c’est beau, mais ça fait un peu flipper. Toi, ce qui te fait chialer, c’est
d’apprendre que tu vas becter brésilien et ballon rond pendant des semaines. Heureusement,
les médias ont pensé à toi et à tes lubies de midinette : sur tous les
plateaux télévisés, ils invitent la Carioca Christina Cordula pour parler
football-version-paillette-ma-chérie. « Comme
ça, toi aussi pupuce, tu peux
regarder le foot avec moi ».
Pendant le Mondial, ton mec oscille entre homme des cavernes
n’ayant pas ramené de sanglier pendant des semaines et Tony Danza dans « madame
est servie » à tes petits soins tous les quarts d’heure (hors créneau ballon-rond)
histoire que tu ne lui fasses pas trop la gueule. Parce qu’il le sait, à hurler
comme un dindon sur le chemin de l’abattoir, il sur-réagit, c’est son moment « actor
studio » à lui, et toi, ça te gonfle !
Intérieur-Nuit (parce
qu’avec le soleil, il ne voit pas la télé) Salon
-
Mais vas-y passe, paaaaaaaasse ….
Trépasse, oui ! Mais
ça tu ne le lui dis pas, tu cherches plutôt à connaitre la fin du calvaire.
-
Il se termine à quelle heure le match ?
-
Ca dépend, si…Oh purée ! nom de nom de …mais
y a faute làààà ! y a faaaaauuuute !
Tu peux aller agoniser et mourir le long de la Sèvre, tu n’auras
jamais ta réponse. Toutefois, Lapinou-chou (oh le sobriquet de la vengeance) s’en
contrefiche, il préfère te prendre à partie.
-
Mais y a faute là, on est d’accord ?
Les règles te semblent aussi complexes qu’un tableau croisé
dynamique sous Excel, donc mis à part de dire que le monsieur qui est en
train de se rouler au sol comme un hamster narcoleptique est relativement étrange, tu
ne saurais te prononcer. Sauf que Lapinou-chou, il aime bien que tu t’intéresses
à SES passions, du coup, il t’explique façon prof de sport.
-
Là tu vois, y a hors-jeu. Là, lui, il a marqué,
mais comme y a hors-jeu, bah il n’a pas le droit. Tu vois ?
-
Heu… oui peut-être.
Ce que tu as du mal à comprendre, c’est que lorsque tu as
tenté de l’initier aux Reines du Shopping
où à l’Amour Est Dans le Pré,
Lapinou-chou est parti résigné : « Pas
de ça chez moi ! M’en fout de tes histoires de relooking agricole. C’est
bien un truc de gonzesse, tient ! » A côté de ça, il te demande de connaitre
les règles footballistiques de la mort moi le nœud, sur le bout des doigts ?
Tu les apprendras, le jour où il connaitra la différence entre des Jimmy Choo
et des Louboutin.
Fin du match, tu t’inquiètes.
-
Alors on a gagné ?
-
Oui ! On va en quart de final.
Eh merde ! Les hurlements de samouraïs eunuques sont
donc à prévoir pour les prochains jours. Tu ne comprendras jamais cette passion
mordante et patriote pour un sport, mais comme tout le monde, si la France se
qualifie en finale, tu bougeras ton boule sur Rihanna avant de parader dans une
Mégane tout drapeau sorti. Foutue contradiction féminine !
Allez la France !